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à ces trois juges « que si l’évêque d'Aleth pouvait prouver par deux ou trois témoins dignes de foi que l’église de Saint-Malo de l’Ile eût été un siège épiscopal, ils devaient recevoir la déposition de ces témoins sans appel et investir l’évêque Jean de ladite église par l’autorité du Saint-Siège. »

On se contenta de cette affirmation générale des témoins ; on ne leur demanda point de réciser les faits, les circonstances qui avaient donné à cette église la qualité de « siège épiscopal. » Comme le remarque dom Lobineau « le serment de ces trois témoins contient un fait dont la vérité ne paroît pas évidente. Saint Malo n’avoit point établi son siège épiscopal dans l’île d’Aaron mais dans la ville d’Aleth, et tous ses successeurs se sont appelez évêques d’Aleth. Avoient-ils donc deux sièges épiscopaux ? » On n’en trouve la preuve nulle part.

Quoi qu’il en soit, le résultat obtenu fut en lui-même excellent, car sans cette translation du siège épiscopal sur le rocher d’Aaron, qui donna tout de suite une grande importance à l’agglomération d’habitants réunis en ce lieu, le développement de Saint-Malo, la prospérité de son commerce et de sa marine, qui ont jeté sur la Bretagne un si grand lustre, se seraient probablement beaucoup fait attendre. Seulement il y avait moyen d’opérer cette translation sans dépouiller la vénérable abbaye de Marmoutier, dont les moines avaient rendu et rendaient encore tant de services à la Bretagne. Sans la protection toute puissante dont saint Bernard couvrit la cause de Jean de Châtillon, la prétention de celui-ci n’eût pas plus réussi sous Eugène III que sous Lucius II. C’est donc en définitive saint Bernard — sans s’en douter, il est vrai, — qui fut le principal auteur du rapide développement de la ville de Saint-Malo, et par conséquent de sa prospérité (Histoire de Bretagne, par M. de la Borderie, tome III, p. 206-209).

En 1517, Léon X autorisa le diocèse de Saint-Malo à célébrer le 1er février la fête de S. Jean de la Grille. — Le 15 octobre 1784, Mgr des Laurents, évêque de Saint-Malo, fit ouvrir le tombeau de ce bienheureux  : « On leva la grille et la pierre qui couvrait le cercueil ; ce cercueil était d’une seule pierre de grain... on y trouva les saints ossements enveloppés en entier des vêtements épiscopaux..... le squelette, dont la tête était couverte d’une étoffe dorée, avait encore ses pantoufles aux pieds, son anneau au doigt, et auprès de lui des morceaux de bois façonnés au tour en forme de bâton pastoral. » (Reg. parois. de Saint-Malo).

Ces reliques ont été placées en 1839 sous l’autel principal de l’église de Saint-Malo. (Pouillé historique de l’Archevêché de Rennes, par l’abbé Guillotin de Corson, tome I, p. 581.)


SAINT MALO À ROME (A.-M. T.).

jotre auteur signale plusieurs églises qui portent le nom de saint Malo M. de Kerdanet, dans une note, ajoute à cette énumération « II y a plusieurs autres églises qui lui sont I dédiées, non seulement en Bretagne, mais dans les autres provinces de France, où on le

nomme saint Maclou. Ce saint évêque n’est pas non plus inconnu à l’Italie on l’y appelle saint Mauto ; il y a à Rome, près de la basilique de Saint-Pierre, une petite église sous son invocation, et un obélisque de cette ville a porté le nom de Saint-Macut. »

La modeste chapelle romaine ne pouvait rester ignorée de Brizeux lors de ses voyages en Italie, et voici comment il en rappelle le souvenir

A S. MAUTO.

Comment, bon saint Malô, pauvre évêque breton,

Une église de Rome a-t-elle pris ton nom ?

Ah dans cette cité païenne et catholique,

Quand, fatigué de voir et d’admirer toujours,

Enfin je découvris ton humble basilique,

Ah ! cirques et forums, colonnades et tours,

Comme tout disparut et, durant quelques jours,

Mon pays me revint frais et mélancolique.