Page:Le Grand Meaulnes.djvu/243

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défendre, se cacher ou s’enfuir, il ne m’interrompit, je me rappelle, qu’une seule fois. Je lui racontais, en passant, que toutes les Sablonnières avaient été démolies et que le Domaine d’autrefois n’existait plus :

— Ah ! dit-il, tu vois… (comme s’il eût guetté une occasion de justifier sa conduite et le désespoir où il avait sombré) tu vois : il n’y a plus rien…

Pour terminer, persuadé qu’enfin l’assurance de tant de facilité emporterait le reste de sa peine, je lui racontai qu’une partie de campagne était organisée par mon oncle Florentin, que Mlle de Galais devait y venir à cheval et que lui-même était invité… Mais il paraissait complètement désemparé et continuait à ne rien répondre.

— Il faut tout de suite décommander ton voyage, dis-je avec impatience. Allons avertir ta mère…

Et comme nous descendions tous les deux :

— Cette partie de campagne ?… me demanda-t-il avec hésitation. Alors, vraiment, il faut que j’y aille ?…

— Mais, voyons, répliquai-je, cela ne se demande pas.

Il avait l’air de quelqu’un qu’on pousse par les épaules.

En bas, Augustin avertit Mme Meaulnes que je déjeunerais avec eux, dînerais, coucherais là et que, le lendemain, lui-même louerait une bicyclette et me suivrait au Vieux-Nançay.