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Page:Le Mierre-Oeuvres-1810.djvu/216

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L'en punir, la priver avec indignité

Des droits toujours sacrés de la maternité. [60]

Eh quoi ! Pour honorer la cendre de leur père,

Ont-ils donc oublié que sa veuve est leur mère ?

Le Grand Bramine

Et vous, ignorez-vous sous quel sceptre d'airain

L'usage impérieux courbe le genre humain ?

Observez le tableau des moeurs universelles, [65]

Vous verrez le pouvoir des coutumes cruelles :

L'empereur japonais descendant chez les morts,

Trouve encor des flatteurs pour mourir sur son corps.

Les enfants pour périr ou vivre au choix du père,

Ailleurs sont désignés dans le sein de leur mère. [70]

Le massagète immole, et c'est par piété,

Son père qui languit sous la caducité.

Le sauvage vieilli, dans sa douleur stupide,

De son fils qu'il implore, obtient un parricide.

Sur les bords du Niger, l'homme est mis à l'encan : [75]

En montant sur le trône, on a vu le sultan

Au lacet meurtrier abandonner ses frères,

Et dans l'Europe même, au centre des lumières,

Au reste de la terre, un honneur étranger,

De sang-froid, pour un mot, force à s'entr'égorger. [80]

Le Jeune Bramine

Ainsi, l'exemple affreux des coutumes barbares,

Autorise et maintient des excès si bizarres ;

Ainsi, quand des autels la femme ose approcher,

Les flambeaux de l'hymen sont ceux de son bûcher.

Du destin qui l'attend l'horreur anticipée, [85]

Se présente sans cesse à son âme frappée :