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Page:Le Mierre-Oeuvres-1810.djvu/261

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Je la sens... que de maux avant de cesser d'être !

Dans quels affreux climats j'eus le malheur de naître !


Scène IV

La veuve, Le Jeune Bramine.
Le Jeune Bramine

J'accours vers toi, ma soeur, tu vas changer de sort ; [1025]

Connais mon espérance et renonce à la mort.

Du chef des assiégeants la généreuse envie

Auprès du gouverneur hautement t'a servie :

Tu vivras, il l'exige ; un dieu consolateur

De ce vaillant guerrier fait ton libérateur. [1030]

La Veuve

Il ne s'informait point quelle était la victime ?

Le Jeune Bramine

Non ; l'humanité seule et l'inspire et l'anime.

Avec quelle chaleur sa pitié, son courroux,

Son indignation éclatait devant nous !

Il n'aurait point montré d'ardeur plus véhémente [1035]

Pour défendre une soeur ou sauver une amante.

À de si beaux transports je brûlais d'applaudir ;

Mais aux yeux du bramine à ce point m'enhardir,

C'était faire à des coeurs dont le mien se défie,

Soupçonner l'intérêt que je prends à ta vie. [1040]

Qu'il est dur de cacher la pitié dans son sein,

Et de dissimuler pour paraître inhumain !

Hélas ! L'européen, ne pouvant me connaître,