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Page:Le Mierre-Oeuvres-1810.djvu/262

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Me voyait du même oeil qu'il voyait le grand-prêtre.

Ah ! Combien j'en souffrais ! Il court au gouverneur ; [1045]

À te sauver la vie il a mis son honneur,

Et sans tes surveillants, dans sa fureur extrême,

Il viendrait en ce lieu t'en arracher lui-même.

La Veuve

Ah ! Détourne ses pas ; tu connais trop la loi,

Il ne peut en ces lieux paraître devant moi ; [1050]

Les yeux d'un étranger souilleraient la victime,

De sa seule présence on me ferait un crime.

Mais peut-être en ce jour, quoiqu'il soit mon soutien,

Ton intérêt pour moi t'exagère le sien :

Il a pris ma défense, il suivait dans son zèle [1055]

Un premier mouvement de pitié naturelle ;

Mais cet européen envoyé par son roi,

N'a-t-il pas d'autres soins que de penser à moi ?

Peut-il prendre ma cause et ne pas me connaître ?

À part.

D'ailleurs puis-je accepter ? Un seul mortel peut-être... [1060]

Le Jeune Bramine

J'ai vu l'instant, te dis-je, où pour l'humanité,

Des lois de l'honneur même il se fût écarté.

Oui, prêt à tout oser, prêt à rompre la trêve,

Plutôt que de souffrir que ton bûcher s'élève.

Aux transports vertueux de sa noble fureur, [1065]

Je prenais l'Inde entière et nos lois en horreur.