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VAUX D'YONNE. 181

l’abbé Erard et par Hercule de Beauvoir, comte de Chastellux, réédifie son église. À la faveur de la paix, on conçoit le projet de réparer les pertes faites par le Catholicisme ; mais ce ne sera point par l’intolérance et les persécutions ; on n’oppose à l’hérésie que l’enseignement, la prédication et la charité : évidemment, on marche vers un meilleur avenir[1].

Et cependant, les vieilles institutions, comme si elles n’entraient plus dans les vues de la Providence, sont visiblement sur leur déclin. L’église de Bethléem n’a plus le chapitre de six chanoines, que l’évêque Pierre de Beaujeu y avait fondé, et en 1655, son évêque perd, moyennant une pension annuelle de cinq cents livres, le droit de faire des ordinations. Le Réconfort était en ruine et désert ; de 1634 à 1651, l’abbesse Angélique de Vièvres de Launay le répare et le peuple d’un nombre suffisant de religieuses pour continuer le service divin, mais ne parvient pas à lui rendre ses richesses et sa splendeur. L’antique et riche abbaye de Vézelay, sécularisée en 1558 et métamorphosée en une collégiale de douze chanoines, était devenue un bénéfice de commande ; toutefois, l’abbé avait continué à conférer les ordres mineurs sur toutes les terres du couvent, où qu’elles fussent placées, et il appelait qui bon lui semblait, pour ordonner les prêtres, consacrer les autels et les églises : il ne relevait que du Siége de Rome. Un arrêt du Conseil du Roi, réduisit l’abbaye à la jouissance des droits communs, 1675 ; Vézelay et les paroisses soumises à sa juridiction formèrent l’archiprêtré de Vézelay. Les moines de Saint-Pierre-du-Mont, ruinés par les guerres religieuses, échangent ce qu’ils y possèdent contre une maison que le seigneur du lieu avait dans Angoulême et s’y retirent. La Cordelle de Vézelay continue de s’appauvrir : en 1760, elle renferme encore trois ou quatre prêtres et un profès, qui n’ont pour toute ressource que leurs messes et la desserte de quelques chapelles voisines. Encore quelques années, et le seul religieux qui y restera, sera forcé, pour vivre,

  1. En 1622, les gens de Clamecy font venir des Récollets, et ces moines s’établissent au faubourg de Beuvron, dans un petit ermitage où vivait un pieux anachorète, Nicolas de Mouchy, qui revêtit à cette occasion l’habit de leur ordre : leur église a été consacrée en 1638. En 1628, Corbigny appelle des Capucins pour évangéliser et soigner les malades, et des Ursulines pour fonder et tenir des écoles de filles. En 1638, l’abbé de Vézelay établit, dans sa ville, des Ursulines d’Arnay-le-Duc ; elles bâtissent leur église au lieu où les Protestants avaient eu leur prêche. Enfin, en 1684, des Dames de la Providence sont chargées, à Clamecy, du soin des malades et de l’enseignement des filles ; en même temps, nous remarquons des ermites de Sainte-Marthe, près de Vézelay.