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MORVAND. 189

par alliance, dans la famille de Château-Vilain, puis au connétable de Sancerre, dont les héritiers la vendirent, en 1418, à Bonne d’Artois, comtesse de Nevers, qui la réunit, sous le titre de châtellenie, au comté de Nevers. Luzy, avant la Révolution, avait deux paroisses : l’église de Notre-Dame n’existe plus ; celle de Saint-Pierre est insignifiante. Il y avait aussi, hors des murs, une maladrerie, une commanderie à Tourny, et un couvent de Bénédictins à Saint-André.

Ce monastère, dont il ne reste plus qu’un pignon de l’église, fut construit probablement du xie au xiiie siècle, à cette époque où la ferveur religieuse éleva les monastères de D’Hun-les-Places, de Montreuillon, de Saint-Honoré, de Vanoise, de Saint-Christophe, de Château-Chinon et de Semelay, qui tous, comme celui de Saint-André-les-Luzy, appartenaient à l’Ordre des Bénédictins de Cluny ; ils sont maintenant détruits ou en ruines. Les églises qui en dépendaient n’offrent aucun intérêt, à l’exception de celle de Semelay[1], dont le portail très-remarquable croula en 1781, entraînant une partie de la nef et des collatéraux. Les chapiteaux des colonnes, la plupart historiés, bien que grossièrement sculptés, sont très-curieux pour l’histoire de l’art : ils représentent, avec les symboles allégoriques de l’époque : l’un, l’Enfer ; l’autre, le Paradis ; un autre, la Tentation d’Ève ; un autre, la Volupté ; un autre, le crime de Sodome.

L’époque de la fondation de l’église de Semelay est aussi, selon nous, celle de l’origine de Quarré-les-Tombes (Quadriacum). Une partie du chœur de l’église est du xiie siècle. Situé sur l’ancienne voie romaine qui conduisait d’Avallon à Autun, le monticule où ce bourg est assis, servit peut-être, dans les premiers temps du Christianisme, de dépôt aux tombes que des marchands d’Avallon conduisaient à la Métropole et qu’ils y abandonnèrent plus tard. Ce qui prouve d’ailleurs que ces tombeaux sont chrétiens, c’est que plusieurs ont à la tête, sculptée en relief, une croix dont la branche principale qui se prolonge jusqu’à l’extrêmité, a pu seule jeter dans l’esprit de quelques antiquaires, l’idée que ces croix étaient des épées gauloises ; pour plus grande preuve, un de ces tombeaux a sur le côté trois croix de

  1. 1 Selon une tradition orale des habitants du pays, ce bourg devrait son nom à un temple fameux dédié à la mère de Bacchus, et élevé sur la Vieille-Montagne où sont les ruines romaines dont nous avons parlé : nous croyons que Semelay, du celtique, Se, mel, ay, veut dire tout simplement habitation sur la montagne.