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il n’y a pas de sot métier

Il était inutile de parler, car le silence faisait partie de la beauté. Et tous ces gens qui les précédaient et les suivaient devaient aussi le sentir, quel que fut leur caractère.

Parfois, Guy et Yvette dépassaient un couple. La jeune fille était tombée, son ski s’était détaché.

— Elle est tombée, parce qu’elle est fatiguée, qu’elle n’a pas d’entraînement, mais a voulu quand même suivre son bien-aimé. Çà ne fera pas un bon ménage, Yvette, la femme ne sera pas à la hauteur.

Yvette se contenta de rire, car la dernière pente commençait, celle qui était abrupte et difficile, et s’accrochait en rampe à la montagne. Elle s’élança, elle était devant Guy. Souvent, même en plein jour, elle la finissait celle-là, sous un certain sapin qui était trop près de la piste. Mais ce soir, après ce que venait de dire Guy, elle serait morte, plutôt que de tomber ! Sa volonté la soutiendrait. D’ailleurs descendre dans la nuit blanche était plus facile. Ne pas voir d’avance les cahots vous empêchait d’en avoir peur.

Yvette, triomphante, attendit Guy dans la clairière. Il n’était pas parti du haut trop vite après elle, et elle savait que c’était parce qu’il croyait qu’elle tomberait peut-être…

Maintenant, c’était fini. L’hôtel était là. Ils entrèrent prendre une tasse de café. Sans rien manger, c’était jeûne. Guy aurait bien pu ne pas s’en souvenir. Mais avec Yvette, rien à faire. Il prétendait qu’elle avait le calendrier liturgique imprimé dans la tête, et avec un système de