Page:Le Parnasse contemporain, II.djvu/384

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Beau comme un Galaor & fier comme un César,
Il marche en tête, ayant pour nom Benalcazar.
Près d’Oreste voici venir le bon Pylade :
Très-basané, le chef coiffé de la salade,
Il rêve, enveloppé dans son large manteau.
C’est le vaillant soldat Hernando de Soto
Qui, rude explorateur de la zone torride,
Découvrira plus tard l’éclatante Floride
Et le père des eaux, le vieux Meschacébé.
Cet autre qui, casqué d’un morion bombé,
Boucle au cuir du jambard la lourde pertuisane
En flattant de la voix sa jument alezane,
C’est l’aventurier grec Pedro de Candia,
Lequel, ayant brûlé Coïmbo, dédia,
Pour expier ce fait Carthagène à la Vierge.
Il regarde, au sommet dangereux de la berge,
Caracoler l’ardent Gonzalo Pizarro
Qui depuis, à Lima, par la main du bourreau,
Ainsi que Carbajal, eut la tête branchée
Sur le gibet, après qu’elle eût été tranchée
Aux yeux des Cavaliers qui, séduits par son nom,
Dans Cuzco révolté haussèrent son pennon.
Mais lui, bien qu’à son roi déloyal & rebelle,
Étant bon hidalgo, fit une mort très-belle.

À quelques pas, sinistre, & le rosaire au flanc,
Portant sur les longs plis de son vêtement blanc
Un scapulaire noir par-dessus le cilice
Dont il meurtrit sa chair & dompte sa malice,