Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/167

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et ses flèches, et dénoua les attaches de son épée.

« Amie, dit Tristan, c’est l’épée du roi Marc. Elle devait nous égorger, elle nous a épargnés. »

Iseut prit l’épée, en baisa la garde d’or ; et Tristan vit qu’elle pleurait.

« Amie, dit-il, si je pouvais faire accord avec le roi Marc ! S’il m’admettait à soutenir par bataille que jamais, ni en fait, ni en paroles, je ne vous ai aimée d’amour coupable, tout chevalier de son royaume depuis Lidan jusqu’à Durham qui m’oserait contredire me trouverait armé en champ clos. Puis, si le roi voulait souffrir de me garder en sa mesnie, je le servirais à grand honneur, comme mon seigneur et mon père ; et, s’il préférait m’éloigner et vous garder, je passerais en Frise ou en Bretagne, avec Gorvenal comme seul compagnon. Mais partout où j’irais, reine, et toujours, je resterais vôtre. Iseut, je ne songerais pas à cette séparation, n’était la dure misère que vous supportez pour