Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/168

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moi depuis si longtemps, belle, en cette terre déserte.

— Tristan, qu’il vous souvienne de l’ermite Ogrin dans son bocage. Retournons vers lui, et puissions-nous crier merci au puissant roi céleste, Tristan, ami ! »

Ils éveillèrent Gorvenal ; Iseut monta sur le cheval, que Tristan conduisit par le frein, et, toute la nuit, traversant pour la dernière fois les bois aimés, ils cheminèrent sans une parole.


Au matin, ils prirent du repos, puis marchèrent encore, tant qu’ils parvinrent à l’ermitage. Au seuil de sa chapelle, Ogrin lisait en un livre. Il les vit, et, de loin, les appela tendrement :

« Amis ! comme amour vous traque de misère en misère ! Combien durera votre folie ? Courage ! repentez-vous enfin ! »

Tristan lui dit :

« Écoutez, sire Ogrin. Aidez-nous pour offrir un accord au roi. Je lui rendrais la reine. Puis, je m’en irais au loin, en Bre-