Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/178

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« Tristan, laisse-moi Husdent, ton chien. Jamais limier de prix n’aura été gardé à plus d’honneur. Quand je le verrai, je me souviendrai de toi et je serai moins triste. Ami, j’ai un anneau de jaspe vert, prends-le pour l’amour de moi, porte-le à ton doigt : si jamais un messager prétend venir de ta part, je ne le croirai pas, quoi qu’il fasse ou qu’il dise, tant qu’il ne m’aura pas montré cet anneau. Mais, dès que je l’aurai vu, nul pouvoir, nulle défense royale, ne m’empêcheront de faire ce que tu m’auras mandé, que ce soit sagesse ou folie.

— Amie, je vous donne Husdent.

— Ami, prenez cet anneau en récompense. »

Et tous deux se baisèrent sur les lèvres.


Or, laissant les amants à l’ermitage, Ogrin avait cheminé sur sa béquille jusqu’au Mont ; il y acheta du vair, du gris, de l’hermine, des draps de soie, de pourpre et d’écarlate, et un chainse plus blanc que