Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/226

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Mais Tristan s’armait à son tour, avec ceux que le guetteur avait réveillés les derniers. Il lace ses chausses, passe le bliaut, les houseaux étroits et les éperons d’or ; il endosse le haubert, fixe le heaume sur la ventaille ; il monte, éperonne son cheval jusque dans la plaine et paraît, l’écu dressé contre sa poitrine, en criant : « Carhaix ! » Il était temps : déjà les hommes d’Hoël reculaient vers les bailes. Alors il fit beau voir la mêlée des chevaux abattus et des vassaux navrés, les coups portés par les jeunes chevaliers, et l’herbe qui, sous leurs pas, devenait sanglante. En avant de tous, Kaherdin s’était fièrement arrêté, en voyant poindre contre lui un hardi baron, le frère du comte Riol. Tous deux se heurtèrent des lances baissées. Le Nantais brisa la sienne sans ébranler Kaherdin, qui d’un coup plus sûr écartela l’écu de l’adversaire et lui planta son fer bruni dans le côté jusqu’au gonfanon. Soulevé de selle, le chevalier vide les arçons et tombe.