Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/244

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troublé mon jeu, et de telle sorte que je ne saurais le reprendre. »

Marc quitte la salle, Iseut se retire en sa chambre, et fait venir le sénéchal auprès d’elle :

« Ami, vous êtes messager de Tristan ?

— Oui, reine, il est à Lidan, caché dans mon château.

— Est-il vrai qu’il ait pris femme en Bretagne ?

— Reine, on vous a dit vérité. Mais il assure qu’il ne vous a point trahie ; que, pas un seul jour, il n’a cessé de vous chérir par-dessus toutes les femmes ; qu’il mourra s’il ne vous revoit, une fois seulement : il vous semont d’y consentir, par la promesse que vous lui fîtes le dernier jour où il vous parla. »

La reine se tut quelque temps, songeant à l’autre Iseut. Enfin, elle répondit :

« Oui, au dernier jour où il me parla, j’ai dit, il m’en souvient : « Si jamais je revois l’anneau de jaspe vert, ni tour, ni fort château, ni défense royale ne m’empê-