Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/247

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des barons et des comtes. Elles passent une à une ; un jeune chevalier escorte chacune d’elles. Enfin approche un palefroi monté par la plus belle que Kaherdin ait jamais vue de ses yeux : elle est bien faite de corps et de visage, les hanches un peu basses, les sourcils bien tracés, les yeux riants, les dents menues ; une robe de rouge samit la couvre ; un mince chapelet d’or et de pierreries pare son front poli.

« C’est la reine, dit Kaherdin à voix basse.

— La reine ? dit Tristan ; non, c’est Camille sa servante. »

Alors s’en vient, sur un palefroi vair, une autre damoiselle plus blanche que neige en février, plus vermeille que rose ; ses yeux clairs frémissent comme l’étoile dans la fontaine.

« Or, je la vois, c’est la reine ! dit Kaherdin.

— Eh ! non, dit Tristan, c’est Brangien la Fidèle. »