Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/248

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Mais la route s’éclaira tout à coup, comme si le soleil ruisselait soudain à travers les feuillages des grands arbres, et Iseut la Blonde apparut. Le duc Andret, que Dieu honnisse ! chevauchait à sa droite.

À cet instant, partirent du fourré d’épines des chants de fauvettes et d’alouettes, et Tristan mettait en ces mélodies toute sa tendresse. La reine a compris le message de son ami. Elle remarque sur le sol la branche de coudrier où le chèvrefeuille s’enlace fortement, et songe en son cœur : « Ainsi va de nous, ami ; ni vous sans moi, ni moi sans vous. » Elle arrête son palefroi, descend, vient vers une haquenée qui portait une niche enrichie de pierreries ; là, sur un tapis de pourpre, était couché le chien Petit-Crû : elle le prend entre ses bras, le flatte de la main, le caresse de son manteau d’hermine, lui fait mainte fête. Puis, l’ayant replacé dans sa châsse, elle se tourne vers le fourré d’épines et dit à voix haute :

« Oiseaux de ce bois, qui m’avez ré-