Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/254

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par la lèpre. Il prend en ses mains un hanap de bois veiné à recueillir les aumônes et une crécelle de ladre.

Il entre dans les rues de Saint-Lubin, et, muant sa voix, mendie à tous venants. Pourra-t-il seulement apercevoir la reine ?

Elle sort enfin du château ; Brangien et ses femmes, ses valets et ses sergents l’accompagnent. Elle prend la voie qui mène à l’église. Le lépreux suit les valets, fait sonner sa crécelle, supplie à voix dolente :

« Reine, faites-moi quelque bien ; vous ne savez pas comme je suis besogneux ! »

À son beau corps, à sa stature, Iseut l’a reconnu. Elle frémit toute, mais ne daigne baisser son regard vers lui. Le lépreux l’implore, et c’était pitié de l’ouïr ; il se traîne après elle :

« Reine, si j’ose approcher de vous, ne vous courroucez pas ; ayez pitié de moi, je l’ai bien mérité ! »

Mais la reine appelle les valets et les sergents :

« Chassez ce ladre ! » leur dit-elle.