Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/97

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chemise blanche comme la neige, une chemise pour notre nuit de noces. Sur la mer, il advint qu’Iseut déchira sa chemise nuptiale, et pour la nuit de ses noces je lui ai prêté la mienne. Amis, voilà tout le tort que je lui ai fait. Mais puisqu’elle veut que je meure, dites-lui que je lui mande salut et amour, et que je la remercie de tout ce qu’elle m’a fait de bien et d’honneur, depuis qu’enfant, ravie par des pirates, j’ai été vendue à sa mère et vouée à la servir. Que Dieu, dans sa bonté, garde son honneur, son corps, sa vie ! Frères, frappez maintenant ! »

Les serfs eurent pitié ! Ils tinrent conseil, et, jugeant que peut-être un tel méfait ne valait point la mort, ils la lièrent à un arbre.

Puis, ils tuèrent un jeune chien : l’un d’eux lui coupa la langue, la serra dans un pan de sa gonelle, et tous deux reparurent ainsi devant Iseut.

« A-t-elle parlé ? demanda-t-elle, anxieuse.

— Oui, reine, elle a parlé. Elle a dit