Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/98

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que vous étiez irritée à cause d’un seul tort : vous aviez déchiré sur la mer une chemise blanche comme neige que vous apportiez d’Irlande, elle vous a prêté la sienne au soir de vos noces. C’était là, disait-elle, son seul crime. Elle vous a rendu grâces pour tant de bienfaits reçus de vous dès l’enfance, elle a prié Dieu de protéger votre honneur et votre vie. Elle vous mande salut et amour. Reine, voici sa langue que nous vous apportons.

— Meurtriers ! cria Iseut, rendez-moi Brangien, ma chère servante ! Ne saviez-vous pas qu’elle était ma seule amie ? Meurtriers, rendez-la-moi !

— Reine, on dit justement : « Femme change en peu d’heures ; au même temps, femme rit, pleure, aime, hait. » Nous l’avons tuée, puisque vous l’avez commandé !

— Comment l’aurais-je commandé ? Pour quel méfait ? n’était-ce pas ma chère compagne, la douce, la fidèle, la belle ? Vous le saviez, meurtriers : je l’avais envoyée chercher des herbes salutaires et je vous