Page:Le Salmigondis tome 1 1835.djvu/417

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Plessis, et il ordonna à ses gens de s’emparer de la litière. Maraka essaya de les repousser, et le bruit de la lutte qui s’ensuivit, éveilla le blessé, qui répéta plusieurs fois le nom d’Aimée.

— « Je suis avec toi, mon amour, » s’écria-t-elle. « Nous sommes maintenant inséparables !… « Au son de cette voix, Eugène se souleva et tendit les bras à son amie qui s’y précipita, en disant : « Me voici, cher Eugène, je ne t’abandonnerai point tant qu’il te restera un souffle de vie, et si tu meurs, je dormirai dans la tombe auprès de toi » Pour un instant il la pressa contre son cœur, puis ses bras tombèrent sans force, il échappa à l’étreinte de son amie et resta froid, insensible, sur le lit de mousse duquel, par un dernier effort de la nature, il s’était soulevé pour dire un long adieu à celle qu’il aimait. Pas une larme ne sortit des yeux de la malheureuse fille tandis qu’ils demeuraient fixés, avec l’expression de l’égarement, sur les traits glacés de son amant. Tout à coup, se retournant vers du Plessis : « Vois ! » s’écria-telle, « tu l’as tué ; et tu m’as frappée du même coup. Quand nous reposerons tous deux sur la froide terre, ta vengeance sera peut-être satisfaite. Ma mère, » continua-t-elle en tombant sur