Page:Le Salmigondis tome 1 1835.djvu/423

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

les courans, les autres renoncèrent à l’entreprise, et la croyance que l’île était inaccessible au pouvoir humain ne fut point ébranlée.

C’était vers cet asile impénétrable que Maraka dirigeait sa course nocturne. Le canot glissait sur les vagues écumantes comme une créature douée de vie et d’instinct, tantôt se perdant au milieu de leurs gouffres terribles, tantôt reparaissant triomphant sur leurs crêtes dentelées, et voguant avec une merveilleuse dextérité entre les tourbillons et les écueils autour desquels ils se brisent. Enfin il entra dans une petite baie et s’arrêta sur la grève. L’Indienne prit Aimée dans ses bras, sauta à terre, et s’enfonça dans l’épaisseur des bois.

Après avoir suivi un chemin tortueux, pratiqué sous les plantes grimpantes qui s’élançaient d’un arbre à l’autre, elle atteignit une clairière au centre de l’île où l’on voyait briller une fontaine à côté d’une cabane. C’était là cette demeure qu’Aimée préférait mille fois aux cellules de son couvent : elle était construite à la manière des Indiens, mais on l’avait rendue plus commode et plus agréable que leurs wigwams. Quatre jeunes arbres plantés à égale distance