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subite envahit mon cœur en suspens et se répandit dans mes membres blêmes. Car il ne m’était pas donné de découvrir un moyen de sortie. Mais dans la forêt toute pleine de ronces et de broussailles, on ne voyait que scions touffus, qu’épines offensantes, que frênes sauvages hostiles aux vipères ; c’étaient des ormes rugueux amis des vignes fécondes, des lièges à la grosse écorce, qui tous s’enchevêtraient ; c’étaient des cerres massifs, des rouvres vigoureux, des chênes glandifères et des yeuses, aux rameaux si denses qu’ils ne laissaient pas filtrer jusque sur le sol humide les rayons du clair soleil, et que le dôme épais qu’ils formaient interceptait la lumière vivifiante. C’est ainsi que je me trouvai dans un air moite sous le couvert épais.

Je commençais à pressentir et même à croire avec certitude que j’étais parvenu dans la vaste forêt Hercy-