Aller au contenu

Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/120

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

114 LE SYLPHE Ou défendu, — farouche épreuve! — Les chants à ton flot rayonnant? Auraient-ils dompté tes colères, Et, sur tes rives séculaires, Trouvé des poisons pour les mères, Et, pour les enfants, des tombeaux Dans le néant de tes abîmes? Puis, afin de cacher ces crimes, Sur les cadavres des victimes Auraient-ils planté leurs drapeaux? « O toi qui sais toutes les causes De ce qui fait couler mes pleurs, Est-ce pour cacher tant de choses Qu'ils ont exilé tant de fleurs? Ont-ils craint que ces innocentes Qui se levaient, éblouissantes, Vissent leurs corolles naissantes Mourir sur la fosse des morts? Ont- ils craint que tes hirondelles, Pour nous, douces, pour eux, cruelles, Du fond des voûtes éternelles Ne leur apportent le remords? « Fleuve français, songe à la France ! Songe aux martyrs, songe aux héros : On doit préparer la vengeance, Quand on voit rire les bourreaux ! Dieu t'a fait colosse, il faut être Comme Dieu t'a fait, et renaître Afin de faire reparaître Tous les exilés, à ta voix. Il faut songer à ton histoire, Et te dire qu'une victoire Ne peut effacer la mémoire De leurs défaites d'autrefois! »