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Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/128

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122 I.K SYLPHE UNE ODE D'HORACE" FRAGMENT Lydie. Donnés par des gens laids, les cadeaux sont trop chers. Je ne mesure pas l'amour aux dons offerts. Que celle qui voudra l'or et la perle rare Au poète amoureux ferme sa porte avare ; Il ne vient pas chargé de la pourpre de Cos; Il n'a que ses. chansons et les donne aux échos; Mais, les Dieux sont pour lui; la muse délicate Lui conseille les mots dont la grâce nous flatte : La Muse, femme aussi, sait le cœur féminin, Et par quel art secret s'y glisse un doux venin. Va, je suis autrement que les femmes vénales. Je hais l'esprit commun et les phrases banales. Je veux pour reconnaître et nommer mon vainqueur, Qu'il s'ouvre par mon âme un chemin à mon cœur. L'amour ne connaît pas d'éternelles ivresses : Pour lui, la causerie a de calmes tendresses; Et quel plaisir alors d'écouter longuement La source qui murmure aux lèvres d'un amant, Ou bien d'accompagner sur sa tremblante lyre Les chants harmonieux que soi-même on inspire! Tel l'amour des oiseaux fait résonner les bois. Les chants et les amours ont dû naître à la fois. — Et puis, ô Beroé, n'est-ce pas quelque chose Que l'immortalité dont la muse dispose? La soie et les bijoux ne plaisent qu'un instant; Demain, sera fané ce péplum éclatant; Mais les vers du poète échappent aux outrages. Hélène aux beaux cheveux vivra dans tous les âges; [*) Publié avec l'Autorisation de M, Gatmann-Lévy, éditeur îles œuvres île Ponsard.