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Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/139

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POÉSIES DES POÈTES DU DAUPIIINÉ i33 DEPIT BOUTADE - SONNET A Pèheff. Odi profanam vulgus et arceo. Horace. Odes, III, I. Dans ce monde grotesque, atrocement banal, Où les bourgeois gavés dorlottent leurs bedaines, Hypocrites recueils des passions humaines, Je vais comme un pierrot masqué dans un grand bal. Et je ris à leur nez de leur grand air moral, De leur morgue et de leurs pudeurs rances et vaines; Je prends dans leur esprit d'admirables rengaines Pour faire à leur sottise un vaste piédestal. Convenons-en gaîment, la vie est assez drôle, Et puisque tout le monde y doit jouer un rôle, Je préfère le rire aux regrets superflus. Je ris, même en voyant mon siècle à l'agonie : Un idiot frappant sur un gros sac d'écus Qui lui tient lieu de cœur, de gloire et de génie. Grenoble, 11 Juin 1887. C. NIEMAND.