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Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/15

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POESIES DES POETES DU DAUPHINE g

O France! comme lui tu t'arrêtais, brisée; Comme lui, vers le ciel tu ne regardais pas; Et sur tes yeux ternis, ta paupière baissée Semblait s'être fermée aux rayons d'ici-bas. Comme l'oiseau sacré qui dormait dans son aire, O peuple grand et fort, tu te sentais mourir. ., A l'aigle on avait pris l'éclair et le tonnerre : A toi, France, on voulait arracher l'avenir! Et lorsque tu devais, sublime mandataire, Accomplir devant Dieu ta tâche, chaque jour, On cloîtrait ta pensée en lui volant la terre Et le droit de chanter l'espérance et l'amour! Les régiments prussiens te fouillaient les entrailles; Ils voulaient, par ta mort, être sûrs de demain : Mais ce qui rejaillit de sang sur nos murailles Ne t'éclipsa jamais, flambeau du genre humain! Tu te sentis plus forte au milieu des ruines, En voyant croître en toi le chêne Liberté : Le sang que tu versais fécondait ses racines Et noyait ta faiblesse en sa vitalité. Aux rayons de la Foi, tu te sentais revivre, Et sublime, écoutant les penseurs inspirés, Dédaignant les bourreaux, qui n'osaient plus te suivre, Comme l'aigle au Soleil, tu marchas au Progrès! Auguste GILLOUIN.