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Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/175

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POÉSIES DES POÈTES DU DAUPHINE 169 Elle avait dix-huit ans, une figure d'ange, Ses traits exquis, de tous captivaient le regard, Chaque bouche, pour elle, avait une louange Et les arts la traitaient avec un noble égard. Elle avait ce qu'on peut désirer à cet âge : Illusion, talent, tendresse, souvenir : L'amour saint qu'aux parents, aux amis l'on partage, Et tout lui promettait un heureux avenir. Mais le cruel destin qui jamais ne se lasse, Sur cette tendre rieur, sur ce faible rayon, A fait courir, hélas ! son haleine de glace, Et tout en elle a fui comme une vision. D'elle, il ne reste, à tous, qu'une douleur amère, Que des regrets mortels aux parents abattus, Que des sanglots mordants au doux cœur de sa mère, Qu'un tendre souvenir de ses belles vertus. Oh ! pourquoi faut-il donc à la mort de ces proies ! Pourquoi son bras cruel arrète-t-il des pas Devant lesquels s'ouvraient de si splendides voies Et des vallons fleuris qui ne jaunissent pas ? Pourquoi des malheureux sans espoir, sans ressource. Lui demandant sans cesse un remède à leurs maux, Voient-ils se prolonger à l'infini leur course, Et tombent-ils trop mûrs dans ses mains en lambeaux? Pourquoi, ces dégradés par le vice et le crime, Ces fléaux d'un pays qu'on redoute et qu'on craint, Ne voient-ils pas son bras, qui savamment réprime, Venir à leurs penchants mettre au plus tôt un frein ?