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Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/186

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LE SYLPHE A ces accents s'ajoute une autre illusion, Quand la pensée évoque une image lointaine, Le profil entrevu dans une vision, De ceux qui vivaient là, pauvres, l'âme sereine. Des enfants, des vieillards sont passés tour à tour. Des filles au front pur, aux yeux pleins de tendresse, Sous le grand saule vert ont soupiré d'amour, Près d'un aïeul courbé qu'étreignait la vieillesse! Assaillant leur bonheur, la Mort les a fauchés : Sous un saule plus sombre, ils dorment côte à côte ; Ils ne sauront jamais, dans leurs tombes couchés, Quel fut, du vieux logis aimé, le nouvel hôte. Qu'ils reposent en paix! dans la masure en deuil Où, depuis de longs jours, règne seul le silence, Aucun être nouveau n'a franchi le vieux seuil, . Tout est resté désert dans leur mortelle absence ! Aux pauvres disparus, la masure survit. Aux bouleversements, elle reste insensible:. . . Mais son tour va venir ! Le Temps qui l'asservit Sous son joug trop pesant, va l'écraser, terrible! Alors, les souvenirs qu'elle garde enfermés, Dans son antre assombri. qu'enveloppe le lierre, Ces souvenirs vécus, pour une heure exhumés, Seront ensevelis dans un cercueil de pierre ! Joanny PITAUD. t - -H 1"*- 1—