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Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/215

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LE SYLPHE REVUE DES ÉCRIVAINS DAUPHINOIS. NOËL —^— A Alexandre Piedagnel. Décembre ! Paul et Eglantine, deux jolis petits enfants roses, jumeaux de sept ans, — Médor, fidèle et désintéressé gardien de la ferme. Décembre ! Décembre, avec son blanc cortège de neiges et de glaces, dé cembre a emporté tout ce qui restait à la ferme. La misère, la noire misère, qui se joue de l'existence de ces pauvres et braves gens, la misère a tué le père. La mère a pu résister jusqu'ici. Hélas! ce n'est pas sans terreur qu'elle songeait, hier, au lende main, en partageant à Paul et Eglantine le dernier morceau de pain. Et les deux petits innocents, le sourire sur les lèvres, avaient gloutonnement croqué le pain, bien dur pour leurs petites dents, aux yeux éplorés de Médor qui n'avait rien, lui,... que la satisfac tion de voir ses deux petits maîtres heureux !

A quelles tortures la pauvre femme sera-t-elle en proie, cette nuit de décembre, cette nuit de Noël ! Nulle âme en ce monde ne souffrira les souffrances de cette infortunée, rongée par la maladie, une implacable maladie de Eoitrine, comme on en contracte aux champs, quand on n'est pas abitué, dès l'enfance, à ses rudes travaux. Et la maladie l'étreint... l'étouffe... Et gaîment, petit Paul et petite Eglantine avaient mis, avant de se coucher, leur petit sabot dans la froide cheminée... sans feu depuis longtemps. Puis, lentement, ils s'étaient chaudement pelotonnés dans leur couverture, vestige de l'ancienne splendeur sauvé pour eux, pau- 1er Volume. — 3e Livr.