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Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/236

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38 LE SYLPHE Il s'arrêtait un instant — deux larmes mouillaient ses paupiè res, bordées de cils grisonnants. — Après les jours de gloire, reprenait-il, j'ai vécu ceux de revers et de honte!... J'étais â Sédan!... — Il retrouvait alors l'énergie de ses vingt ans et, le poing fermé, il jetait mille imprécations au « traître... » au « lâche... » à « Napoléon! » — « Las! s'écriait-il, puisqu'ainsi devait s'achever cette néfaste guerre, pourquoi ne pas être tombé, frappé en face comme tant d'autres!... » Il était de ceux qui croient à une revanche prochaine... « — J'y prendrai part malgré mon âge, me répétait-il souvent, car je ne veux pas descendre dans la tombe avec l'éternel regret d'avoir quitté ma patrie vaincue et humiliée!... » Il m'avait vu naître, je devais le voir mourir; ses derniers instants ne sortiront jamais de ma mémoire : Etendu sur son lit de douleurs, il revivait, dans son délire, ses anciens jours; il assistait même à ceux qui, hélas! ne devaient pas être pour lui!... « — En avant!... Sus aux Allemands!... Ils reculent!... Nous sommes vainqueurs ! . . . Vive la France ! . . . Vive la République ! ... » furent ses dernières paroles. Il est parti avec la ferme conviction d'avoir vu se réaliser son beau rêve : Il est doux de s'en aller ainsi!... Alexandre MICHEL,. L'illustre Boileau, que l'ami Léo Nore n'hésiterait pas, j'en suis sûr, à qualifier de « vieille perruque », a dit, je ne devrais plus savoir où, que : La critique est aisée et l'art est difficile. A coup sûr, il a laissé échapper là une énormité que je ne lui pardonnerai qu'avec peine, mais ses cendres « n'en ont cure j>, ce qui est heureux pour leur repos. « L'art est difficile. » Rien n'est plus vrai, mais il me semble que « la critique » est loin d'être aussi « aisée » qu'on a l'air de vouloir nous le dire; et, de fait, elle consiste souvent à éreinter les gens tout en ayant l'air de les complimenter. C'est là, convenons-en, un tour de force qui en vaut bien un autre. Fort heureusement pour moi, je n'ai pas l'intention de faire de la critique, ce dont je me sens d'ailleurs parfaitement inca pable; je vais tout simplement essayer de vous dire ce que j'ai vu dans le livre de notre compatriote, Auguste Tiiouard. —