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Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/235

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REVUE DES ÉCRIVAINS DAUPHINOIS 37 son maître. Ses yeux étincellent; il ne vit plus que de courage et de patriotisme. Dans une bataille sanglante, comme le brave jeune homme venait d'enlever un drapeau français aux Prussiens sous une pluie d'obus et au retentissement du canon, il s'aperçoit que, grâce au brillant uniforme du colonel, un ennemi le vise... En un clin d'œil, Noël s'élance et couvre la poitrine de son second père!... il reçoit toute la charge et tombe... Sur le lit de camp où Noël se meurt, il y a comme un reflet d'héroïsme... M. de M***, qui ne connaissait pas les larmes, pleure auprès de lui... — Mon colonel, embrassez-moi, et ne vous désolez pas!... je suis si heureux de mourir à votre place!... de m'éteindre pour la France!... — Tu es un brave, Noël!... mon jeune ami, voilà ma croix d'honneur!... — Ah! vous la donnerez à ma mère!... vous serrerez sa main pour moi!... et vous direz, colonel, à Madame la vicomtesse, que je meurs bien content... Vous avez tous été si bons pour Noël!... — Et toi, pauvre soldat, tu es un héros de dévouement ! — Ah! Valence!... le Rhône!... les Iles!... la visite de Mm° de M"*!... je n'ai jamais oublié tout cela!... Mon Dieu! sauvez notre chère France!... Adieu!... Adieu!... Noël emportait dans la tombe ce laurier modeste, mais si pur, cette auréole si sereine des martyrs inconnus morts pour le devoir et la patrie. Adèle SOUCHIER. SOUVENIR A Jehan Eerevisse. Ah! je l'aimais ce vieux soldat!... Je le revois encore fumant sa pipe culottée — fidèle compagne de ses derniers jours — sur le banc voisin de sa porte. Avec quel plaisir j'écoutais les récits de ses batailles, répétés mille fois, mais que je trouvais toujours nouveaux!... Avec combien de détails s'étendait-il sur les journées glorieuses de Sébastopol, Magenta, Solférino!... « — Enfant, me disait-il, tout fier, en me montrant son front ridé, regarde cette balafre, c'est un souvenir de Puebla!... »