Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/255

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LE SYLPHE REVUE DES ÉCRIVAINS DAUPHINOIS. AUN«VIEUX» A M. Joseph Porrléval, publiciste. Vous m'avez désespéré. Désespéré de quoi ?— De tout. De l'ingratitude des gens, d'abord, je suis maintenant convaincu. Puis, mes déceptions cruelles et nombreuses me font demander si j'ai pris la bonne voie. J'ai réflé chi et je crois que oui. — J'avais jadis fait un livre, ou, pour mieux dire, commencé un livre; mon titre était trouvé : 1' « Idée fixe ». Je viens de voir chez le libraire un élégant petit volume sur le quel j'ai lu : 1' « Idée fixe ». Je puis en dire autant d'un autre; je n'en donnerai pas le titre : il ne le mérite pas. On avouera, vous, Monsieur, tout le premier, que je n'ai pas de chance. Le public y gagnera peut-être; je crois n'avoir point de talent, — c'est vous qui l'avez dit; — ceux qui se sont appropriés mes titres peuvent en avoir : il ne m'appartient pas de discuter cela ici. Mais ce que je discuterai, c'est la reculade que des hommes, respectables assurément, veulent faire subir à la littérature des « jeunes ». Certes, j'ai le plus profond respect pour les cheveux blancs, et je regrette que les usages n'aient pas consacré l'habitude de rester découvert devant les « vieux », vous fussent-ils inconnus. J'eus ôté mon chapeau devant vous, Monsieur, je vous l'assure. Mais je m'habituerai difficilement à croire que nous puissions re cevoir des leçons, en ce qui touche nos poésies d'amour, de ces « vénérables » qui peuvent avoir au cœur le fiel des désillusions subies. Et de cela, je ne doute pas. Tous, petits ou grands, qui touchons une plume, avons été de temps immémorial et serons encore honnis, conspués : cela aigrit. Comme chaque écrivain a généralement son plan arrêté et qu'il est conséquent avec lui-même, 1er Volume. — 8e Livr.