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Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/263

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LE SYLPHE REVUE DES ÉCRIVAINS DAUPHINOIS. ÉPISTRE CAMPAGNARDE —>4*— t A A. Clément. -*- recubaus sub teginine fagi. VlHOILB. Hier, le soleil était clair, et le temps chaud invitait à la sieste. Je suis parti sans hâte, par le gai chemin ombreux qui passe bénévolement devant ma porte, et je suis allé ainsi, placidement tranquille, songeant à tout sans réfléchir à rien. Arrivé au petit bois coquet que la ligne brutale du chemin de fer a durement échancré, je me suis étendu sur la mousse fraîchie, j'ai tiré ma longue pipe et je me suis mis à fumer dans une vaste quiétude comme un riche ottoman bien gavé, dédaigneux de ses femmes. Les délices névrosiaques des Hatchichins, tant vantés par les Beaudelaire et les Théophile Gautier, ne doivent être que des agaceries maladives auprès des douces sensations dont j'ai été bercé pendant cette après-midi reposante et oublieuse. Les herbes péniblement vertes essayaient en vain de masquer le dur faciès ocreux de la terre inféconde tandis que lèvent soupirait sa plainte éternellement vague, déchirée aux ronces des buissons qui se dressaient partout hirsutes et inhospitaliers. De temps à autre, dans une intermittence de coups de sifflet et de jets de vapeur ahanante, un train passait, semblait ne s'ar rêter à la station d'Heyrieux que pour reprendre haleine, puis s'engouffrait désespérément et comme avide d'inconnu, dans la profonde tranchée de Grenay. Et la fumée delà locomotive tapa geuse planait encore longtemps, brouillard indécis, s'agraffant aux fils du télégraphe, comme une musique indéchiffrable et macabre sur une portée fantastique et idéale. " Et je me sentais pénétré par le charme de toutes ces choses 1er Volume. — 9e Livr.