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Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/277

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REVUE DES ÉCRIVAINS DAUPHINOIS 79 Le livre de notre compatriote, écrit en un style simple, clair et concis, est divisé en trois parties : Questions sociales, Questions militaires, Questions financières. Des Questions sociales, qui nous ont particulièrement intéressé à cause des idées nobles et généreuses qui y sont exprimées, nous détachons quelques lignes de descriptions, en recommandant le livre entier à nos lecteurs : ceux qui voudront connaître et approfondir la question du Tonkin, si diversement appréciée par les journaux de toutes nuances, la verront sous son véritable jour, traitée par un administrateur dont la vieille expérience et les lumières sont incontestables : «  Au Tonkin, dans les grands centres, à Hanoï surtout, les cérémonies religieuses et familiales sont pratiquées très régulièrement par la plupart des habitants. Les funérailles sont très émouvantes, les morts sont portés à leur dernière demeure sur de riches brancards, précédés et suivis d'un nombreux cortège de parents et d'amis; en tète, un enfant porte une branche de feuillage au sommet d'une perche en bambou, ornée de fleurs; des musiciens et des porteurs d'emblèmes et de bannières viennent ensuite; le cercueil est couvert de fleurs et de riches étoffes brodées; on brûle des parfums dans des vases en bronze derrière le mort; puis viennent les parents, les amis et des pleureuses en habits de deuil. Tout ce monde est recueilli, affligé; l'air retentit de sanglots. Les cérémonies antiques n'étaient pas plus touchantes dans l'ancienne Rome, où les familles patricien nes faisaient des sacrifices devant les autels des dieux lares et conduisaient leurs morts en faisant porter devant eux les images de leurs ancêtres. « Bien des hommes ont disparu, des villes et des villages ont été détruits sans pitié, des milliers de familles, privées de leurs chefs, ont été réduites à la misère. Mais il faut voir cette société, non telle qu'elle est, mais telle qu'elle voudrait être. Ce qui existe essentiellement parmi ce peuple si malheureux auquel nous de vons rendre le repos et une existence régulière qui lui faisait autrefois tant d'honneur, ce sont des habitudes d'ordre, de morale, de respect des enfants pour les parents, de dévoùment des parents pour les enfants qui sont encore en vénération dans toutes les classes de la société. Chaque Annamite désire ardemment voir renaître une situation sociale qui permette encore de dire, comme du temps du R. P. Siébert : « Les Annamites sont de mœurs pures. » Jehan ÉCREVISSE.