Aller au contenu

Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/276

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

78 LE SYLPHE Et j'ai bu ton amour, vois-tu, jusqu'à l'ivresse: Le vin de tes aveux a troublé mon cerveau ; Aussi je viens à toi que j';iime, ô ma maitresse, Désireux comme un fou, frêle comme un roseau! Ces strophes sont enlevées ! elles ont dû naître spontanément sous la plume enfiévrée de notre confrère; elles sont écloses d'un jet et nous ne pouvons nous empêcher d'admirer ce matérialisme idéalisé de la sorte. Niemand a certainement donné beaucoup plus de baisers qu'il n'a versé de larmes ; qu'importe! sa poésie en est-elle moins douce, sa langue moins riche, son rhythme moins pur et moins vibrant? Non, n'est-ce pas? Ne le blâmons donc pas. Heureux ils sont ceux qui osent écrire des strophes pareilles, car s'ils ont aimé, on le leur a rendu. Baisers et Larmes, nous a rappelé la plaquette de Jehan Ecrevisse, Plutnes au Vent. Nous conseillons aux lecteurs du Sylphe, de comparer la manière de faire des deux auteurs. En reconnaissant leur incontestable talent, il est curieux de constater l'énorme différence qui les sépare. Plumes au Vent, est le soupir discret, poétique, vaporeux, qui s'exhale d'une àme amoureuse et rêveuse. Baisers et Larmes, est l'emportement d'un cœur toujours inassouvi; c'est le baiser retentissant qui provoque un autre baiser! Et cependant tous deux ont su plaire.

Votre volume, mon cher poète, me semble appelé à un grand succès, vous serez lu, commenté, discuté, critiqué peut-être, mais vous compterez. La jeunesse vous appréciera, et plusieurs de vos vers seront récités comme certains vers de Musset. Je vous en félicite de tout mon cœur. Donnez-nous hardiment votre seconde série, renouvelez-y la note patriotique que vous avez jetée dans la première, rapidement et comme en passant, et l'on ne vous marchandera jamais ni les bravos ni les éloges. 5 Octobre 1887. Auguste GILLOUIN. -n- Un Voyage au Tonkin, par Paulin Vial. — (Voiron, imp. Baratier et Mollaret, 1887, 2me édition.) Ce livre de l'ancien collaborateur de l'amiral de la Grandièreà l'organisation de la Cochinchine, est le résumé de ses nouvelles observations pendant l'année qu'il vient de passer au Tonkin. M. Paulin Vial n'est pas un inconnu dans les lettres : il avait publie précédemment divers écrits relatifs aux choses coloniales; sa haute compétence en ces matières attira sur lui l'attention publi que — et, en particulier, celle du regretté Paul Bert qui se l'asso cia dans la grande œuvre de pacification du Tonkin, malgré ses opinions politiques tout à fait opposées.