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Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/282

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84 LE SYLPHE Les Tendresses et les Cultes, par Emile Trolliet. (Paris, 1886, Aug. Ghio, édit. Prix : 3 fr. 5o). Après les appréciations élogieuses dont ce livre a été l'objet dans la Gazette de France, la Revue bleue, la Revue artistique et littéraire, le XIX" Siècle, et dans les publications les plus autori sées, nous n'avons qu'à nous incliner : n'est-ce pas une haute et puissante recommandation que d'être lu et commenté par A. de Pontmartin, par Maxime Gaucher, et par les maîtres de la critique ? Néanmoins, nous essaierons, timidement, d'en parler. Les Tendresses, c'est, pour le poète, tout ce qui a excité son amour et mérité son adoration ! Les Cultes, c'est tout ce qui a été digne de son respect, de son admiration et de son enthousiasme ! L'idée générale, résumée dans le titre même, est sommairement détaillée dans les quatre subdivisions : les heures de trouble, les heures d'apaisement, les heures d'idéal, les heures de piété; elle est complétée dans le magnifique et superbe prélude qui ouvre le livre — et que nos lectrices et nos lecteurs nous sauront certai nement gré de reproduire : Je sais que notre siècle est volontiers sceptique, Qu'il rit tout bas des vers... et de ceux qui les font ; Qu'il accueille d'un mot froidement sarcastique Tout sentiment exquis et tout culte profond, Mais je sais bien aussi qu'il est parmi la foule, Des êtres recueillis qui songent en marchant, Et las du fait qui passe, et du temps qui s'écoule, S'arrêtent quelquefois pour écouter un chant. Eh bien ! c'est à ceux-là que mon livre s'adresse, A ceux qui tendrement savent baiser la fleur Où pleure un souvenir, où loge une caresse, L'aimant pour son parfum plus que pour sa couleur; Qui, remplis de pitié, penchent souvent la tête Pour mieux entendre un cri du fond du cœur venu Et cachant dans leur sein quelque douleur secrète, Sanglotent au récit d'un mal qu'ils ont connu ; Qui ne raillent jamais les blessures intimes. Traînant peut-être aussi un chagrin lent et lier, Et vivant le front pâle ainsi que des victimes Atteintes en plein cœur d'un invisible fer ;