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Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/84

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78 • LE SYLPHE A L'ALSACE -LORRAINE Alsace, et toi, Lorraine, ô sublimes bannies, La France a tressailli des Vosges à la mer, En voyant qu'à la France obstinément unies, Malgré les jours d'exil, malgré l'homme de fer, Et malgré la menace, âpre et dure compagne, Vous bravez du vainqueur les insultants discours, Et chaque fois qu'il dit : Votez pour l'Allemagne, Vous dites chaque fois : Pour la France toujours. C'est bien ! Vous refusez, à vos maîtres d'une heure, De tendre un cou d'esclave apprivoisé, pensant Qu'entre Berlin qui rit et Strasbourg où l'on pleure, Ainsi qu'un second Rhin, roulent des flots de sang. Il crut, l'envahisseur, étouffer vos tendresses, Sous l'arbitraire sceau d'un injuste traité : Soudain la voix qui sort des urnes vengeresses, Devant toute l'Europe a pour vous protesté. Il pensait éternel, le rempart éphémère Qu'entre la France et vous ses mains avaient dressé; Mais vous avez tendu les bras vers votre mère, C'est assez : le rempart s'écroule renversé. Promesse, ordre, défi, rien ne peut vous convaincre, Vos fils sont aujourd'hui ce qu'ils étaient hier : Des Français. On a pu vous prendre, non vous vaincre. Votre cœur se dérobe indomptablement fier.