Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/103

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Quand je vois ou que je me représente nos Docteurs et même un docteur angélique à leur tête, qui se prosternent tous très-humblement devant leurs petites idoles, ou images de pâte, et qu’ils disent dévotieusement, avec leur Docteur angélique : je vous adore dévotement, suprême Déité, qui êtes véritablement sous ces figures cachée, adoro te devote latens Deitas quoe sub his figuris vere latitas ou qu’ils chantent dévotement ces paroles : Tantum ergo sacramentum cernui…… etc, je trouve que c’est un spectacle tout-à-fait digne de risée et d’indignation tout ensemble. Je dis digne de risée, parceque tous ces beaux docteurs-là mériteroient bien effectivement d’être ris et moqués, de faire telle chose, mais il y a en même tems bien de quoi s’indigner, de voir que ceux-là-mêmes, qui devroient tirer les autres de l’errreur et les désabuser d’une si vaine et si folle superstition, sont ceux-là-mêmes, qui les enfonceroient tous les jours de plus en plus, s’ils pouvoient par leurs discours et par leurs exemples, et cela principalement afin d’en tirer pour eux d’autant plus de profit. Car il est bien sûr, que s’ils ne trouvoient point en cela leur profit et leur avantage, ils ne mettroient guères en peine d’entretenir, ni de faire valoir une si vaine et si odieuse superstition que celle-là, et s’il y en avoit quelques-uns parmi eux, qui fussent assez ignorans, ou assez sots, que de croire bonnement ce qu’ils en disent aux autres, je les trouverois certainement en cela plus dignes d’être attachés aux râteliers des ânes, et de manger des chardons avec eux, que d’être assis au rang des sages : encore ne voit-on