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l’autre. S’ils osent taxer de faiblesse et d’incertitude ces raisonnemens et ces argumens-là de leurs Prophètes, il faut donc 1o. qu’ils taxent en même tems de foiblesse et d’incertitude tous les plus forts et les plus convaincans raisonnemens des hommes : car il est constant que la raison naturelle et humaine n’en peut fournir de plus forts, ni de plus convaincans sur ce sujèt.

Or, taxer de faiblesse et d’incertitude les plus forts et les plus convaincans raisonnemens des hommes, c’est en quelque façon détruire la raison même, ou au moins, c’est détruire entièrement toute certitude et toute assurance de vérité, et par conséquent, c’est détruire aussi toute certitude et toute assurance de vérité en matière de Foi et de Religion, aussi bien qu’en toute autre matière de science, ce que nos Christicoles ne voudroient pas dire, puisqu’ils prétendent que la vérité de leur Religion est plus certaine que toute autre vérité, et qu’ils ne pouroient prétendre telle chose, s’ils ne suposeroient qu’il y a de la certitude dans les raisonnemens humains. En second lieu, s’ils taxent de foiblesse ou d’incertitude les susdits argumens et raisonnemens des Prophètes et de toutes les personnes bien sensées, il faut aussi qu’ils taxent en même tems tous les Prophètes et toutes les personnes sensées d’ignorance ou de faute de jugement : car c’est ignorance et c’est manquer de jugement, que de croire être bien fondé en raison, lorsque l’on n’est pas bien fondé ; c’est ignorance et c’est manque de jugement, que de prendre des raisonnemens et des argumens foibles et incertains pour des