Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/134

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un seul péché véniel de propos déliberé[1], qu’on ne pouroit pas en conscience dire le moindre mensonge, pour rendre à Dieu la plus grande gloire, et que toutes les créatures devroient s’estimer heureuses de sacrifier leur être, pour empêcher le plus petit péché véniel, plus qu’il est un mal incomparablement plus grand que tous les maux du monde et que ne seroit la désolation de tous les peuples, la ruine de toutes les créatures et la destruction de tout l’univers. Ne faut-il pas être fou, pour parler ainsi ?

Voilà cependant comme nos pieux et superstitieux Christicoles parlent de l’offense et de l’injure prétendue, que le péché fait à Dieu. Il y auroit bien des réflexions à faire sur cette belle doctrine, si on en vouloit faire distinctement voir tout le ridicule, mais passons. Voici comme ils parlent, ou comme ils font parler leur Dieu, dans sa colère et dans son indignation. Ces peuples, lui font-ils dire, m’ont provoqué à courroux, par leurs vices et par leurs méchancetés, mais je les provoquerai aussi moi à mon courroux, par mes châtimens : car le feu, qui s’est allumé dans ma colère, brûlera jusqu’au fond des plus bas lieux, il dévorera toute la terre, et brûlera les fondemens des montagnes ; j’emploïerai sur eux, lui font-ils dire, toutes sortes de maux et je décocherai sur eux toutes mes flèches, ils seront brûlés de famine et rongés d’ardeurs et de destructions amères…[2] J’envoïerai, lui font-ils dire, mes flêches de sang, et mon épée dévorera la chair de ceux qui auront été occis, je

  1. Retraite de S. Ignace, pag. 17. 73.
  2. Deut. 32. 21.