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que le péché tire sa griéveté de l’oposition, qu’il a avec sa grandeur et sa sainteté ; et comme il n’y a personne, qui puisse comprendre la grandeur et l’excellence de Dieu, puisqu’il est infini en toutes sortes de perfections, il est impossible aussi aux hommes de pouvoir bien connoitre la griéveté de l’offense et de l’injure, que le péché mortel fait à Dieu. Cette griéveté, ou cette énormité du péché mortel est si grande, suivant leur dire, que toutes les flames de l’enfer même ne sont pas capables de l’effacer. C’est pourquoi leur grand S. Augustin dit, et tous les Théologiens Christicoles après lui disent, qu’il vaudroit mieux laisser périr tout le monde, c’est-à-dire le ciel et la terre et tout ce qu’ils contiennent, que de commettre volontairement un seul péché mortel. Pécher, dit ce grand Docteur, c’est déshonorer Dieu, et c’est, dit-il, ce que nulle personne ne doit jamais faire, quand toutes les créatures en devroient périr. Cette injure, qui se fait à Dieu par le péché, est si terrible, qu’elle, a fait dire à saint Anselme, que s’il voïoit d’un côté l’enfer ouvert, avec toutes ses flames et d’un autre côté un seul péché mortel à commettre, et qu’il lui fut de nécessité de choisir l’un ou l’autre, il aimeroit mieux, disoit-il, se jetter tout vif dans l’enfer, que de commettre volontairement un seul péché mortel.

Voici ce qu’ils disent des moindres péchés, qu’ils apellent des péchés véniels ; dès-là qu’ils disent, que le péché véniel est une offense et un mal de Dieu, il s’en suit que c’est un plus grand mal, que tous les maux des Créatures joints ensemble, que les saints aimeroient mieux perdre mille vies que de commettre