Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/147

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s’ils excitoient véritablement sa colère et son indignation, comme disent nos Christicoles, il ne manqueroit pas de les empêcher, ou du moins, s’il ne les empêchoit point, ce ne seroit point faute de puissance. — Et ainsi ne les empêchant point, ce seroit qu’il ne voudroit pas les empêcher et en ce cas il iroit non seulement contre la nature de la bonté et de la sagesse, qui tendent toujours d’elles-mêmes, autant qu’elles peuvent, à procurer le bien et empêcher le mal. Mais il se rendroit en cela même digne de risée et de moquerie : car ce seroit folie en lui de vouloir se laisser incessamment offenser et outrager par toutes sortes de vices et de péchés, et ce seroit folie en lui, de vouloir s’en fâcher et se mettre en colère et en fureur, pour des maux que l’on pouroit empêcher, et qu’il ne voudroit pas empêcher. Mais, diront nos Christicoles, c’est que Dieu ne veut point ôter aux hommes la liberté de faire ce qu’ils veulent, et en leur laissant la liberté de faire ce qu’ils veulent, ils abusent volontairement du pouvoir qu’il leur donne, en faisant le mal, en quoi ils l’offensent grièvement. Mais on peut aussi leur dire, que Dieu étant tout-puissant et infiniment sage, comme ils le suposent, il pouroit, sans ôter la liberté aux hommes, conduire et diriger si bien leur coeur et leur esprit, leurs pensées et leurs désirs, leurs inclinations et leurs volontés, qu’ils ne voudroient jamais faire aucun mal, ni aucun péché ; et ainsi qu’il pouroit facilement empêcher toutes sortes de vices et de péchés, sans blesser la liberté, ni le franc arbitre des hommes, et par conséquent c’est une vaine raison, de