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dire qu’il ne voudroit pas empêcher les vices et les méchancetés des hommes, sous prétexte qu’il voudroit leur laisser la liberté de faire ce qu’il leur plait.

Bien plus, comme nos Christicoles soutiennent et enseignent, que leur Dieu est lui-même le prémier principe et le prémier moteur de tout ce qui se meut et de tout ce qui se fait dans le monde, et que rien ne se fait sans lui et sans sa prémotion et coopération, il s’en suivroit de-là qu’il seroit le prémier principe, le prémier moteur et le prémier tuteur de tout ce qui se feroit de bien et de mal dans les hommes et dans toutes les créatures, et par conséquent, s’il se fâchoit et se mettoit en colère contre les vices et les déréglemens des hommes, ce seroit contre ce qu’il feroit lui-même en eux, qu’il se fâcheroit et qu’il se mettroit en colère et ce seroit lui-même qui s’offenseroit par les vices et par les péchés des hommes, comme un homme, par exemple, qui voudroit se poignarder lui-même par la main de quelqu’autre que lui, ce qu’il seroit ridicule de dire et de penser d’un Dieu, c’est-à-dire d’un Être, qui seroit infiniment parfait, infiniment bon et infiniment sage. Car il n’apartient qu’à des fous, de s’offenser volontairement eux-mêmes et de se fâcher et de se mettre en colère contre ce qu’ils veulent bien faire eux-mêmes. Ce qui fait bien manifestement voir que nos Christicoles sont dans l’erreur, lorsqu’ils disent que les vices et les péchés des hommes offensent grièvement et mortellement leur Dieu, et que pour ce sujèt ils excitent sa colère et son indignation.

Nos Christicoles, voïant bien eux-mêmes, que leur manière de parler touchant la prétendue offense et