Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/153

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ment, pendant que de méchans et de détestables impies vivent dans la joie et dans la prospérité, et qu’ils triomphent dans leurs iniquités.

Et suivant ce que nos Christicoles eux-mêmes disent, par exemple, de la punition du prémier péché d’Adam et d’Eve, de la punition des Bethsamites, qui regardèrent l’Arche, et de la punition du dénombrement, que le Roi David fit faire de son peuple et de plusieurs autres semblables exemples suivant, dis-je, ce que nos Christicoles en disent, Dieu puniroit rigoureusement des fautes légères dans quelques-uns, pendant qu’il ne puniroit point ou qu’il ne puniroit que légèrement de très grands crimes dans les autres. Car 1o. pour ce qui est du prétendu péché d’Adam, qu’il auroit commis, en mangeant dans un jardin d’unfruit qui lui auroit été défendu, ce ne pouvoit être-là qu’une très-légère faute, en comparaison, par exemple, du péché que commit ensuite Caïn, en tuant méchamment son frère Abel. Cependant, suivant le dire de nos Christicoles, Dieu auroit très-rigoureusement puni le péché d’Adam, qui n’étoit qu’une légère faute, et il n’auroit point, ou au moins il n’auroit que très-légèrement puni le péché de Caïn, qui étoit un crime détestable. À l’égard des Bethsamites[1], quel péché ou quel mal pouroient-ils avoir fait, en regardant seulement une Arche ou un coffre, qui étoit sur un char, que des vaches trainoient à l’aventure parmi des champs ? Cependant cette prétendue faute, qui n’auroit pas même l’aparence de péché, auroit été très-rigoureusement

  1. I. Reg. 6. 13. 19.