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punie sur ces pauvres Bethsamites, pendant qu’une infinité de très-méchans crimes auroient demeurés impunis. Ce n’étoit pas un crime dans Oza, de toucher cette arche pour une bonne intention, pour l’empêcher de tomber, dans le danger où il la voïoit de tomber, il semble même que ç’auroit été en lui une action louable, plutôt qu’une action blâmable de l’empêcher de tomber. Cependant, suivant le dire de nos Christicoles, cette action auroit été bien plus rigoureusement punie, que les sacriléges des impies. Et à l’égard du dénombrement, que le Roi David fit faire de son peuple, ce ne pouvoit être qu’une très-légère faute, si faute étoit, ce n’étoit qu’une petite vaine gloire au plus, et vaine gloire qui ne nuisoit à personne ; cette faute n’étoit pas comparable à celle que ce même Roi commit, en faisant tuer Uriel pour avoir sa femme, cependant, suivant le dire de nos Christicoles, Dieu auroit bien plus sévèrement puni la première faute, qui n’étoit rien, qu’il n’auroit puni cette seconde, qui étoit un très-grand crime.

Ces exemples et plusieurs autres semblables que l’on pourroit alléguer, et tous ceux que l’on voit même encore tous les jours dans le monde des malheurs et des accidens fâcheux, qui arrivent aux gens de bien, et qui n’arrivent pas à une infinité de méchans, qui mériteraient d’être sévèrement punis, font manifestement voir que Dieu puniroit souvent très-sévérement des fautes légères dans les uns, pendant qu’il ne puniroit point, ou qu’il ne puniroit que très-légèrement de grands crimes dans les autres, et qu’il puniroit même souvent également les bons comme les