Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/160

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suplices de l’enfer et à brûler éternellement dans les flames, sans espérance d’avoir jamais aucune délivrance ! Que de douleurs ! que de cris ! que de gémissemens ! que de hurlemens effroïables, ces pauvres malheureux-là ne seroient-ils pas contrains de faire continuellement ! Un Dieu qui seroit, comme on le dit, infiniment doux, infiniment bon et infiniment miséricordieux, ne se laisseroit-il jamais fléchir, ou ne se lasseroit-il jamais de voir de si effroïables tourmens ? ni d’entendre les cris et les gémissemens pitoïables de ces pauvres malheureux ? Ne se laisseroit-il jamais toucher de compassion pour les moins coupables, non plus que pour ceux qui auroient été les plus médians ? Si un Dieu étoit capable de cela, et qu’il fit effectivement telle chose (ce qui est néanmoins tout à fait impossible et incroïable) j’oserois dire, qu’un tel Dieu mériteroit d’être haï, détesté et maudit, et même d’être maudit à tout jamais, puisqu’il seroit plus cruel que tous les plus cruels Tirans, qui ont jamais été, ou qui pouroient jamais être. Voyez si cela se peut dire d’un Dieu, c’est-à-dire d’un être, qui scroit infiniment parfait, infiniment bon et infiniment sage. Or, autant qu’il est moralement ridicule et absurde de dire, qu’un être infiniment bon, infiniment sage, mériteroit d’être haï, détesté et maudit, autant il est ridicule de dire, qu’un Dieu infiniment bon et infiniment sage voudroit punir éternellement dans des enfers, non seulement des péchés de malice et de méchanceté, mais aussi des péchés de foiblesse et d’infirmité, comme sont ceux, dont je viens de parler et tout autre semblable. Cela même est contraire