Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/175

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ces. Il est vrai que ce n’est pas précisément et formellement dans les douleurs et dans les souffrances que nos Christicoles prétendent faire consister la perfection de la vertu et le plus grand bien de l’homme, puisque c’est toujours un mal que de souffrir des douleurs, et que ceux qui souffrent le plus, ne sont pas toujours pour cela les plus vertueux ; mais ils prétendent seulement dire que la perfection de la vertu consiste à souffrir constamment pour une bonne fin, et que le plus grand bien de l’homme consiste dans la possession et dans la jouissance des grands biens et des grandes récompenses, dont ils prétendent que jouiront dans le ciel tous ceux et celles, qui auront été dans les douleurs et dans les souffrances et qui les auront patiemment et vertueusement souffert. C’est pourquoi aussi le Christ disoit que : bienheureux sont ceux qui pleurent, parce qu’ils seront, disoit-il, consolés, et que : bienheureux sont ceux qui souffrent persécution pour la justice, parce, disoit-il, que le Roïaume du ciel est pour eux… Mais cela n’empêche pas que cette maxime de morale de nos Christicoles, qui recommande l’amour et la recherche de souffrances et de douleurs, ne soit absolument fausse, puisque c’est toujours une erreur et même une folie d’aimer et de rechercher des douleurs et des souffrances, sous prétexte d’acquérir par ce moïen des biens et des récompenses éternelles, qui ne sont qu’imaginaires. Car ce prétendu Roïaume du ciel, dont il semble que nos Christicoles font tant de cas, n’est, comme je l’ai ci-devant démontré, qu’un Roïaume imaginaire, et c’est abuser de la simplicité et de la