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mais que la devise de l’homme Chrétien étoit de souffrir pour vaincre, d’être foulé aux piés pour ne

pas tomber et de mourir pour vivre ; quoique l’on n’en voïe guères parmi eux qui suivent ces belles maximes. Aparemment qu’ils n’y ajoutoient point foi eux-mêmes, et qu’ils savent qu’ils ne s’en trouveroient guères bien. Car en effèt……

C’est une erreur de dire que la perfection de la vertu consiste dans l’amour et dans la recherche des douleurs et des souffrances : car c’est comme si on disoit que la plus grande perfection de la vertu consistoit à aimer d’être misérable et malheureux ; c’est comme si on disoit que la plus grande perfection de la vertu consisteroit à aimer et à rechercher ce qui seroit le plus contraire à la nature et ce qui tendroit même à sa destruction : car on ne peut nier que les douleurs et les souffrances, que la faim et la soif, que les injures et les persécutions ne soient contraires à la nature, et que toutes ces choses-là ne tendent même à la destruction de la nature.

Or c’est manifestement une erreur et c’est même une folie de dire, que la perfection de la vertu consisteroit à aimer et à rechercher ce qui seroit contraire à la nature et ce qui tendroit même à sa destruction ; et c’est manifestement aussi une erreur et une folie de dire que le plus grand bien et le plus grand bonheur de l’homme consisteroit à pleurer et à gémir, à être pauvre et malheureux et à avoir faim, soif etc. Et par conséquent, c’est une erreur de dire, que la perfection de la vertu, et que le plus grand bien de l’homme consiste dans l’amour des souffran-