Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/179

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pensées et de complaisance soient des crimes, dignes des châtimens et des suplices éternels d’un Enfer, comme la Religion et la Morale Chrétiennes l’enseignent, c’est une erreur qui n’est nullement croïable, et il est indigne de penser qu’une souveraine bonté voudroit si rigoureusement punir les hommes pour de si vains et de si légers sujèts. Sages néanmoins sont ceux, qui peuvent se contenir et qui ne suivent pas aveuglement, ni indiscrètement ce doux et violent penchant de la nature. Et sage étoit celui, qui par raport à ce sujèt disoit, qu’il n’achetoit pas si cher un repentir — non emo tanti poenitêre. Demosthenes. Voyez Dict. Hist. Mais sots aussi, à mon avis, sont ceux, qui par bigoterie et par superstition n’oseroient goûter au moins quelque fois ce qui en est. Il y auroit encore plusieurs autres réflexions à faire sur ce sujèt, mais ce que j’en viens de dire suffit pour faire manifestement voir l’erreur de la Morale Chrétienne à cet égard.

Voici encore une autre erreur de cette même Morale Chrétienne. Elle enseigne qu’il faut aimer ses ennemis, qu’il ne faut point se venger des injures et qu’il ne faut pas même résister aux méchans ; mais qu’il faut au contraire bénir ceux qui nous maudissent, faire du bien à ceux qui nous font du mal, nous laisser dépouiller, lorsque l’on veut nous prendre ce que nous avons, et souffrir toujours paisiblement les injures et les mauvais traitemens que l’on pouroit nous faire etc. C’est, dis-je, une erreur ou plutôt ce sont des erreurs, que d’enseigner telles choses et de vouloir faire suivre et pratiquer de telles maximes de morale qui sont si contraires au Droit naturel, si con-