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mures, toutes lesquelles passions sont ensuite la source et la cause d’une infinité de maux et de méchancetés qui se font dans le monde ; lesquels maux et méchancetés ne seroient certainement pas, si les hommes établissoient entre eux une juste proportion, et telle qu’il seroit seulement nécessaire pour établir et garder entr’eux une juste subordination, et non pas pour dominer tiranniquement les uns sur les autres.

Tous les hommes sont égaux par la nature, ils ont tous également droit de vivre et de marcher sur la terre, également d’y jouir de leur liberté naturelle et d’avoir part aux biens de la terre, en travaillant utilement les uns et les autres, pour avoir les choses nécessaires et utiles à la vie ; mais comme ils vivent en société, et qu’une société, ou communauté d’hommes, ne peut être bien réglée, ni même, étant bien réglée, se maintenir en bon ordre, sans qu’il y ait quelque dépendance et quelque subordination entr’eux, il est absolument nécessaire pour le bien de la Société humaine, qu’il y ait entre les hommes une dépendance et une subordination des uns aux autres. Mais il faut aussi que cette dépendance et que cette subordination des uns et des autres soit juste et bien proportionnée ; c’est-à-dire, qu’il ne faut pas qu’elle aille jusqu’à trop élever les uns et trop abaisser les autres, ni à trop flatter les uns et à trop fouler les autres, ni à trop donner aux uns et ne rien laisser aux autres, ni enfin à mettre tous les biens et tous les plaisirs d’un côté et à mettre de l’autre toutes les peines, tous les soins, toutes les inquiétudes, tous les chagrins et tous les déplaisirs, d’autant qu’une telle dépendance et subordination seroit